Depuis une dizaine d'années, de plus en plus de pêcheurs professionnels ont observé lors de la levée de leurs engins (filets ou palangres) que les poissons capturés ont été mangés après leur capture. En 2014, une première enquête avait permis de montrer que ce phénomène de déprédation semblait être en augmentation et était attribuée au phoque gris, présent dans le périmètre de la Réserve Naturelle des Sept-Îles et dans les alentours.
Face à ces constats et afin d'objectiver le phénomène, le CDPMEM et la Réserve Naturelle ont souhaité mettre en place une étude commune permettant de qualifier et de quantifier la déprédation observée.
Entre février 2016 et août 2018, le CDPMEM des Côtes d'Armor et la Réserve Naturelle des Sept-Îles ont ainsi co-encadré trois stages de master 2 sur le sujet de la déprédation des poissons par le phoque gris.
L'étude, menée entre 2016 et 2018, s'inscrit dans un programme plus large portant sur le régime alimentaire du phoque gris, thème retenu dans le plan de gestion 2015-2024 de la Réserve Naturelle des Sept-Îles. C'est pourquoi des instituts scientifiques sont associés (Océanopolis, laboratoire BioGemme, Université de La Rochelle, CNRS Chizé).
Première phase de l'étude, le stage de 2016 a permis de définir une méthodologie de recueil et d'analyse de données sur la déprédation et sur les métiers de pêche concernés. En 2017, un second stage a permis d'affiner la méthodologie et de poursuivre le recueil de données. Enfin, un stage final réalisé en 2018 a permis de compléter les observations et d'analyser l'ensemble des données acquises sur 3 ans et de réfléchir à la définition de mesures d'atténuation du phénomène.
Un comité de pilotage réunissant les différents acteurs associés à l'étude (comités des pêches, Agence des Aires Marines Protégées, DREAL, instituts scientifiques et collectivités territoriales) a été mis en place et s'est réuni 4 fois au cours de l'étude :
Compte-rendu du 4ème COPIL - COPIL Final
Trois fiches d'information ont également été réalisées par les stagiaires :
Le stage n°1 a permis la mise en place de la méthodologie et de débuter de la collecte de données. Ainsi, un cercle de pêcheurs référents a été créé avec 9 pêcheurs professionnels volontaires et des embarquements à bord des fileyeurs à lottes ont pu être menés (6 en 2016). En 2017, le cercle de référents était composé de 10 pêcheurs et 10 embarquements ont été réalisés. Enfin, en 2018, le cercle de référents se composait de 9 pêcheurs et 10 embarquements ont également pu être réalisés. Les pêcheurs référents ont tous été contactés après chaque morte-eau pour donner les informations sur la déprédation constatée ou non.
(c) Armel Deniau, LPO
Après ce stage, il apparait que:
Il est donc nécessaire de cumuler des informations sur plusieurs saisons de pêche avant de pouvoir développer des solutions
(c) Nina cudennec
Lors du second stage, les principaux résultats sont les suivants :
la déprédation est concomitante avec l’effort de pêche (période et secteur).
les résultats sont en accord avec la littérature (Vincent et al., 2015)
Le troisième et dernier stage a permis de confirmer les résultats des premiers stages et :
de localiser la déprédation au Nord / Nord ouest des reposoirs
de mettre en avant que les masses déprédatées concomitantes à l’effort de pêche
que les risques sont plus importants en mars lorsqu'il y a de fortes houles (conditions de chasse plus difficiles) que les phoques en sortie de mue (besoins énergétiques élevés). Cela est également en lien avec le début de la saison de pêche à la lotte pour la plupart des pêcheurs
En plus de ces éléments, le stage final a permis de recenser les moyens de mitigation existants. Ainsi, les moyens employés dans différents pays sont :
Un poster bilan a été réalisé, il est disponible ici
Le CDPMEM 22 a pu réaliser ce programme grâce au soutien financier du FEAMP, du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, du Conseil Régional de Bretagne et de Lannion Trégor-Communauté